La maison Magritte à Charleroi.
La maison Magritte
Il peut y avoir ce genre de maisons qui se fondent dans le paysage partout en Belgique. Cela ne m’étonnerait pas d’en voir surgir une de l’onde, à la mer du Nord, à l’occasion de marais basses, ou parmi les sphaignes du plateau des fagnes, Ardennes, ou encore dans les mythiques hêtraies de la forêt de Soignes. Celle-là été manifestement oubliée. Ses maîtres ont peut-être fui les nuages de fumée qui tuent, et n’en ont gardé aucun souvenir. Et son insignifiance a perduré, alors même que cela a poussé en elle, que les ronces ont couvert ses parquets, que de jeunes arbres ont crevé les vitres de ses fenêtres.
L’insignifiance pépère des maisons belges est parfois traversée par ce genre de fulgurance digne de Magritte, d’excentricité protéiforme dont le résultat est paradoxalement esthétique, à tous les coups. Cela tient à la simplicité de leur forme, standard, à leur façade anonyme qui les rend propres à devenir un bon matériau, obéissant, flexible, friable, sous la pression conjuguée des artistes de rue et de la nature. Bref, ces maisons rehaussées de couleur vives, de graffs, qui lui donnent la profondeur qui lui manquait du temps de leur jeunesse, sont surprenantes.
Nous conseillons donc d’aller voir la maison de Magritte, adresse : zone industrielle Charleroi-Marcinelle, en face du canal et du mur aux graffs sur l’arête duquel courent les barbelés. De préférence au printemps ou en été quand les arbres sont couverts de feuilles d’un vert pétard.
Texte de Nicolas Boldych
Photo de Sébastien Haro