Fracture urbaine. Charleroi, ville des contradictions.

1.  Charleroi est une ville francophone qui se situe à une cinquantaine de bornes de Bruxelles. Connue pour son bassin houiller, aujourd’hui abandonné, Charleroi regorge de trésors graphiques insoupçonnés. Son zoning industriel a particulièrement piqué ma curiosité pour ses dimensions inhumaines, ses lignes et ses formes en parfaite contradiction avec le beau conventionnel. Outre la puanteur, la poussière en stagnation dans l’air, cet enfer bétonné où les couleurs sont quasiment absentes, nous ouvre ses portes sans complexe.  Des objets laissés çà et là, participent à ce spectacle de solitude, d’abandon, où la végétation semble avoir repris ses droits de manière anarchique sur ce monde déserté par l’homme.  Et pourtant quand on s’éloigne un peu de ce monde sauvage, aux proportions symétriques, les rumeurs  de la ville sont saisissantes.   En effet,  Le bruit du va-et-vient des voitures parasite le processus créatif, l’évasion poétique, et la contemplation de l’artiste qui est venu là pour puiser une certaine inspiration dans ce monde brut façonné de silence.  La présence humaine nous arrache irrémédiablement à ce spectacle. Ce déchirement nous amène à percevoir à travers chaque objet son existence métonymique. 

Texte de Sébastien Haro

Photos de Sébastien Haro et de Nicolas Boldych